La goûteuse d’Hitler, Rosella Postorino : une face cachée de l’Histoire

Mon dernier coup de cœur : La goûteuse d’Hitler. J’ai plongé la tête la première dans une autre époque, un temps impitoyable. Dès les premières pages, j’étais absorbée dans cet ailleurs temporel, cette face cachée de l’Histoire, cette Prusse orientale de 1941. J’avais la sensation que cette lecture ouvrait des portes que je n’aurais jamais pu pénétrer…

Pour vous résumer l’intrigue romanesque

Nous sommes ici plongés dans le décor de la Prusse orientale de 1941, époque où des jeunes femmes allemandes sont recrutées pour manger les plats du Führer : ce sont les goûteuses d’Hitler. Surveillées par une horde de SS, ces femmes ne peuvent qu’obéir, au péril de leur vie. Rosa Sauer fait partie de ces femmes forcées à goûter la nourriture d’Hitler. C’est une jeune femme berlinoise dont le mari est parti au front et porté disparu. Elle vit chez ses beaux-parents jusqu’au jour où des SS viennent la chercher pour devenir l’une des goûteuses d’Hitler. A partir de cet instant, sa vie va basculer et prendre un tournant considérable. Chaque bouchée est terreur. Chaque regard est inquisiteur. Chaque baiser est culpabilité.

Faim, amour et cruauté sont les mots qui résument le mieux cette histoire bouleversante, inspirée de faits réels. Rosa Sauer est le double romanesque de Margot Wölk qui a fait éclater son histoire il y a cinq ans.

Mon ressenti de lectrice

J’ai suivi les aventures de la protagoniste Rosa Sauer en tâchant de m’immiscer dans ses pensées et ses ressentis. Je me suis glissée dans le corps et l’esprit de Rosa pour être au plus près de son vécu. Je me suis accrochée à son fil d’espoir de survie. J’ai interprété ses silences et ses réactions comme s’ils avaient pu être les miens. J’ai ressenti sa boule au ventre, elle était pétrie de peur. Comme elle, j’ai tissé des liens avec les autres personnages. J’ai eu l’impression d’avancer sans le moindre effort d’une page à l’autre comme si les pages couraient. J’ai apprécié déceler les moindres indices qui m’orienteraient vers la piste finale… En deux mots, j’étais saisie et bouleversée par l’histoire de cette jeune femme. Celle-ci m’a ouvert les yeux sur un pan de l’Histoire inconnu et m’a montré la poreuse frontière entre douceur et douleur. La main de l’homme qui caresse et qui tue. Une fois fini, j’ai retrouvé ce sentiment déjà ressenti et si désagréable : le deuil de l’histoire et de ses personnages.

Les points forts du roman

D’un point de vue organisationnel, les chapitres sont très courts, ce qui permet de pouvoir lire régulièrement le livre et de bien avancer.

Quant à la psychologie des personnages, elle est fine et variée. L’auteure livre un portrait de femme dénué de tout jugement de valeur. Elle décrit simplement les ressentis.

Enfin, j’ai particulièrement apprécié l’écriture parfaitement ciselée. La traduction française de ce roman italien a mis l’accent sur le style poétique tout en gardant cette cruauté émanant du roman.

L’extrait

« Vous n’avez pas le droit de vous lever. Vous resterez ici, à table, jusqu’à nouvel ordre. En silence. Si les plats sont empoisonnés, l’effet sera rapide. » Le SS nous a dévisagées une à une, guettant nos réactions. Personne n’a bronché. Puis il s’est adressé de nouveau à celle qui s’était levée : elle portait le Dirndl traditionnel et avait peut-être voulu manifester sa déférence. « C’est l’affaire d’une heure, rassure-toi. Dans une heure vous serez libres.

- Ou mortes », a souligné un de leurs hommes.

J’ai senti ma poitrine se serrer. » (p. 14)

La note 

La couverture : 2/2

L’intrigue : 1,5/2

Le traitement des personnages : 1,5/2

Le style : 1,5/2

« Page-turner » : 1/1

L’attente : 1/1

J'espère vous avoir donné envie de lire ce bouleversant roman.

Et vous, quelles sont vos lectures du moment?

Naïs